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  • Carnets de Science #9
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Carnets de science #9

Automne / Hiver 2020
196 pages
Date de parution : 10/12/2020
198mm x 254mm
ISBN : 978-2-271-13503-2
Dossier : L'humanité face au risque
Le fabuleux destin de la cellule - Une cité oubliée du Turkménistan révèle 4000 ans d'histoire - Origine du virus, vaccin... la recherche mobilisée contre le Covid-19 - L'astronomie entre dans une nouvelle ère
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Extraits

« La crise a montré que toutes les vies n’ont pas la même valeur » Entretien

« La crise a montré que toutes les vies n’ont pas la même valeur »

Entretien avec Didier Fassin, propos recueillis par Philippe Nessmann


(…) La pandémie a permis de médiatiser ces inégalités face à la maladie et à la mort. Mais existaient-elles auparavant ?
Didier Fassin :
Bien sûr ! Dans les années 1960, le philosophe français Georges Canguilhem (1904-1995, Ndlr) expliquait qu’une société avait la mortalité qui lui convenait : « Le nombre de morts, écrivait-il, et leur répartition aux différents âges expriment bien l’importance qu’attache une société à ce que la vie soit plus ou moins prolongée. » C’est encore plus vrai quand on subdivise la société en fonction du niveau de res- sources puisque, pour le sexe masculin, l’espérance de vie à la naissance des 5 % les plus pauvres est inférieure de treize années à celle des 5 % les plus aisés. Et il faut noter que les territoires où la mortalité est la plus forte sont aussi ceux dans lesquels on trouve les proportions les plus élevées de personnes immigrées ou d’enfants de parents immigrés. Héritage que l’on veut ignorer de l’histoire coloniale de la France. Aux États-Unis, où l’esclavage et la ségrégation ont laissé des traces profondes et durables, un homme noir sans diplôme a une espérance de vie de quinze ans plus courte qu’un homme blanc qui a fait des études supérieures.

Revenons en France. Comme vous l’avez rappelé, au début du confinement, des mesures très strictes ont été imposées dans les Ehpad, avec interdiction de voir la famille et isolement dans les chambres... Au motif de sauver des vies, n’a-t-on pas oublié le respect de la dignité humaine ?

F. : En effet. Tout le monde s’accorde à souligner, à juste titre, l’importance de protéger la vie. Mais de quelle vie parle-t-on ? C’est de la vie dans sa dimension biologique. Or, la vie a aussi ce qu’on peut appeler une dimension biographique qui se manifeste dans ce que nous vivons, comment nous le vivons et avec qui nous le vivons, ce que la philosophe Hannah Arendt (1906-1975, Ndlr) qualifiait de vie en tant qu’elle peut être racontée. La prise en compte de cette dimension ne s’apprécie pas en termes de mortalité mais de dignité. Il ne suffit pas d’être en vie, il faut encore qu’on puisse penser que cette vie vaut la peine d’être vécue. (…)
Remettre le risque à sa juste place Enquête

Remettre le risque à sa juste place

Par Sebastián Escalón


L’un des fardeaux psychologiques de la pandémie de Covid-19 est le nombre de petites décisions que nous devons prendre depuis des mois et qui nous obligent à penser le risque d’infection au quotidien. Puis-je prendre les transports en commun ? Vais- je accepter cette invitation à déjeuner ? Est-ce bien raisonnable de faire une visite à ma grand-mère ? Ce qui constitue pour certains un risque raisonnable n’est que folie pour d’autres. Idem pour les États. Les décisions des gouvernements ont montré que l’idée d’un risque acceptable varie de pays en pays et qu’elle ne dépend pas seulement de la situation sanitaire. D’autres facteurs, comme les ressources économiques ou la situation politique, font irrémédiablement partie de l’équation.

Mais au-delà de la crise actuelle, force est de constater que cette équation se complexifie inexorablement au fil des années... Catastrophes naturelles et industrielles, crises sanitaires, alimentaires, géopolitiques, vagues d’attentats, donnent en effet l’impression de s’acharner sur des sociétés groggy, qui semblent peu à peu abandonner l’idée que demain sera meilleur qu’aujourd’hui. Alors l’humanité marche-t-elle vraiment sur un fil ? Pour Catherine Larrère, philosophe à l’université Panthéon Sorbonne, à Paris, un changement s’est opéré depuis les années 1980 ou 1990 avec ce qu’elle appelle le « régime de la peur » : on est passé d’une relative confiance dans la capacité de l’être humain pour faire face aux grandes épreuves à un pessimisme généralisé, à la crainte d’un grand effondre- ment social. « C’est une vision du monde dans lequel la catastrophe est l’horizon de nos représentations. »

Une appréhension intrinsèquement liée, selon elle, à la globalisation : nos actions peuvent avoir des conséquences imprévisibles et dévastatrices à l’échelle du monde. Le changement climatique, qui, dans les esprits, est venu s’ajouter à la crainte de la guerre nucléaire, en est le meilleur exemple. Celui-ci entraîne partout sur la planète une augmentation de la fréquence des phénomènes extraordinaires : méga-incendies, inondations, cyclones, canicules. Des phénomènes plus nombreux donc, mais qui connaissent aussi un écho plus grand que naguère, dû à l’interconnexion des individus et des cultures rendue possible par la prolifération des Smartphones et autres instruments de communication qui compriment les distances physiques. (…)
L’hydrogène tiendra-t-il ses promesses ? Entretien

L’hydrogène tiendra-t-il ses promesses ?

Entretien avec Daniel Hissel, propos recueillis par Fabrice Nicot


(…) Dans cette économie hydrogène qui émerge, comment se situe la France ?
Daniel Hissel :
Nous sommes dans le peloton de tête, ce qui est très bien. Dans ce peloton, vous avez la Chine, le Japon, la Corée du Sud... En Europe, l’Allemagne et les pays nordiques, surtout la Norvège, sont bien placés aussi. Les États-Unis sont également présents dans ce secteur, mais derrière le Canada. Nous sommes donc bien positionnés, mais attention, les choix stratégiques que nous allons faire maintenant détermineront notre place dans les cinq à dix ans à venir. Or, jusqu’à présent, dans ce secteur nous avons connu des coups d’accélérateur, comme au début des années 2000 avec pas mal d’argent pour la recherche, puis plus rien. Il est donc fondamental de planifier l’effort français vers l’hydrogène. Les investissements à faire sont massifs et les industriels n’iront pas sans un minimum de visibilité par rapport aux enjeux poli- tiques, environnementaux, législatifs...

Justement, le 9 septembre dernier, le ministre de l’Économie Bruno Lemaire a présenté
le plan français pour le développement de l’hydrogène décarboné. 7 milliards d’euros vont être investis sur dix ans, dont 2 milliards rien que pour les deux prochaines années...


H. : Ce plan envoie un message clair aux scientifiques comme aux industriels : « on y va ». L’enveloppe de 7 milliards d’euros est significative, nous ne sommes pas sur du saupoudrage. Et pour la première fois, elle concerne l’ensemble de la filière : les industriels, mais aussi, à l’autre bout de la chaîne, la recherche (65 millions d’euros), et la formation professionnelle (35 millions d’euros). Seulement, il faut que cette première impulsion soit confirmée dans les années à venir. Une confirmation à deux niveaux, avec la poursuite des investissements, bien sûr, mais aussi une volonté politique d’accompagner la filière aux niveaux local, national et européen. Pour cela, il faudra un cadre législatif adapté. Un exemple. Si demain, on décide que les centres-villes ne sont plus accessibles qu’aux véhicules électriques, il faudra bien que les municipalités s’équipent en bus à hydrogène, en bennes à ordures à hydrogène, etc. Si les collectivités achètent massivement des bus à hydrogène, ils deviendront vite très compétitifs d’un point de vue économique par rapport aux bus diesel... C’est ainsi que l’on créera un marché et que, peu à peu, l’utilisation de l’hydrogène se répandra à grande échelle.

Sommaire

Dossier

L'humanité face au risque

Remettre le risque à sa juste place Sebastián Escalón « Il faut se préparer à des risques composites » Valérie Masson-Delmotte par Louise Mussat L’indispensable culture du risque Philippe Testard-Vaillant Insécurité : la part du ressenti Sebastian Roché par Anne-Sophie Boutaud Quand la société prend peur Philippe Testard-Vaillant La peur mise à nu Gautier Cariou

Vivant
Matière
Sociétés
Univers
Terre
Numérique
Ingénierie
Entretien

« La crise a montré que toutes les vies n’ont pas la même valeur »

Entretien avec Didier Fassin par Philippe Nessmann
Portrait

Françoise Combes dans l’intimité des galaxies

Louise Mussat
Acoustique

Les bâtisseurs du son

Jean-Baptiste Veyrieras
Entretien

« La question de l’origine du SARS-CoV-2 se pose sérieusement »

Entretien avec Étienne Decroly par Yaroslav Pigenet
Astrophysique

Les premiers pas de l’astronomie gravitationnelle

Julien Bourdet
Astrophysique

Trous noirs : on a découvert le chaînon manquant

Yaroslav Pigenet
Portfolio

Paysages du micromonde

Entretien

L’hydrogène tiendra-t-il ses promesses ?

Entretien avec Daniel Hissel par Fabrice Nicot
Médecine

Quel vaccin contre le Covid-19 ?

Laure Cailloce
Portfolio

Retrouver les couleurs du siècle des Lumières

Biologie

Le fabuleux destin de la cellule

Léa Galanopoulo
Entretien

« La propriété privée n’a rien d’universel »

Entretien avec Fabien Locher par Fabien Trécourt
Ingénierie

En direct de l’infiniment petit

Romain Hecquet
Extraits

Le cheval dans la vie quotidienne

Bernadette Lizet
Carnet de mission

La cité oubliée d’Ulug Dépé

Julio Bendezu-Sarmiento avec Laure Cailloce

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