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  • Carnets de Science #11
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Carnets de science #11

Automne / Hiver 2021
196 pages
Date de parution : 04/11/2021
198mm x 254mm
ISBN : 9-782271-139009
Dossier : Climat, notre avenir en question
Abysses Voyage en mer inconnue - Dans les secrets de l'hibernation des ours - Algorithmes : l'injustice artificielle - Les dialogues de l'intestin et du cerveau.
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Galerie photo

Extraits

Le deuxième siècle d’Edgar Morin Portrait

Le deuxième siècle d’Edgar Morin

Francis Lecompte
Mais ce chemin n’a jamais été tracé et jamais ma pensée ne s’est trouvée achevée. Même encore aujourd’hui, elle reste inachevée. » À cent ans, Edgar Morin reste plus curieux et impatient que jamais de découvrir ce qui, demain, viendra encore le surprendre. Retour sur un parcours complexe où l’on croise aussi bien Kant que Staline, le football et l’écologie, la biologie et les faits divers... La méthode Morin s’est dessinée à l’adolescence, à l’époque où il s’appelle encore Nahoum. Entre la crise des démocraties et celle du capitalisme, l’arrivée d’Hitler au pouvoir et les procès de Moscou, « toutes les alternatives apparaissaient monstrueuses et, selon la formule de Kant, moi je me demandais :

“Que puis-je savoir, que puis-je croire, que puis-je espérer ?” », raconte Edgar Morin. C’est pour répondre à ces questions que le jeune bachelier, déjà engagé dans la politique par son soutien aux républicains espagnols, entre en 1939 à l’université où il étudie la philosophie, la psychologie, la sociologie, mais aussi l’histoire de la science politique à la faculté de droit. Transdisciplinaire déjà, avec l’ambition de devenir ce qu’il appelle un « humanologue », c’est-à-dire un penseur capable de comprendre ce qu’est l’humain en rassemblant tous ces savoirs.

 

Influencé aussi par Marx et sa volonté de comprendre les sociétés, leur histoire, leur développement économique et leur avenir, l’étudiant Nahoum devient le résistant Morin avant d’entreprendre sa première enquête dans l’Allemagne occupée. Comme il l’évoque dans son récent livre de souvenirs, Leçons d’un siècle de vie (Denoël, 2021), c’est un étonnement face à un phénomène complexe qui le conduit à faire ce travail : comment la nation la plus cultivée d’Europe a-t-elle pu devenir la plus barbare de toutes ? L’interrogation deviendra un livre, le premier d’une très longue série, L’An zéro de l’Allemagne (Éditions de la Cité Universelle, 1946). Mais ce n’est pas encore tout à fait le début d’une carrière, puisque c’est un Edgar Morin au chômage qui passera deux années dans les bibliothèques à rassembler du matériel de connaissance pour écrire L’Homme et la Mort (Corréa, 1951), qui reste, à ce jour, son ouvrage le plus vendu dans le monde. Pour le sociologue Claude Fischler, directeur de recherche au CNRS, « ce livre apparaît comme un modèle, comme le prototype du travail de Morin, avec son côté interdisciplinaire fondamental, puisqu’il s’intéresse à la biologie, à l’histoire, aux mythes, etc. et interroge en même temps toute la complexité face à la mort ».

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Abysses Voyage en mer inconnue Océanographie

Abysses Voyage en mer inconnue

Gaël Hautemulle
« Bonjour Curiosity, je te souhaite un joyeux ANNIVERSAIRE ! D’un amoureux des grands fonds à un explorateur de l’Espace... » Hé oui ! Au XXIe siècle, les machines aussi s’envoient des messages pour célébrer les grandes occasions : au début du mois d’août, ce tweet (car les machines ont un peu geek, forcément) a été adressé par le rover BathyBot1 à l’un de ses homologues martiens. L’auteur de ce message confraternel est en fait un duo de chercheurs marseillais, Séverine Martini et Christian Tamburini, de l’Institut méditerranéen d’océanographie (MIO)2, chevilles ouvrières du rover BathyBot, qui sera mis à l’eau au début 2022, à 40 km au large de Toulon (Var). La mission de BathyBot : explorer le sol marin, les sédiments qui le composent et l’eau qui l’entoure.

Le parallèle entre ce robot des profondeurs océaniques et ceux destinés à l’exploration de la surface martienne (notamment le récent Perseverance), amuse les deux chercheurs pour qui cet échange avait valeur de test. Mais au-delà de l’exercice technologique, Séverine Martini et Christian Tamburini s’intéressent au déséquilibre entre les connaissances acquises sur ces deux environnements opposés. « Cela peut paraître incroyable, mais à bien des égards, on en connaît davantage sur la surface de la Lune », confie Christian Tamburini. Cela se confirme si l’on compare les publications scientifiques sur les deux sujets ! « C’est bien le sens et l’enjeu, non seulement de cette prochaine mise à l’eau, mais aussi des résultats de l’exploration qui en découlera. »

L’un des premiers grands mystères sur lesquels les chercheurs espèrent lever le voile est l’impact du changement climatique sur ce milieu profond. En particulier, ils espèrent préciser le rôle de la bioluminescence (lumière émise par les organismes vivants) dans le cycle du carbone, dans le contexte d’un changement global. Et cela au risque de bousculer quelques paradigmes.

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Climat, notre avenir en question Dossier

Climat, notre avenir en question

Philippe Testard-Vaillant
Le 9 août dernier, en entendant les membres du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) deviser devant les médias du monde entier du premier volet de leur nouveau rapport (le sixième du genre depuis 1990), même les moins avertis se sont dit que l’affaire devait être grave. Inutile de le nier : l’affaire est grave. D’où les titres chocs des quotidiens, le lendemain : « Nos sociétés sommées d’agir » (Le Monde), « Au pied du mur » (La Croix), « Au bord du gouffre » (Libération)… « Ce rapport basé sur l’évaluation de 14 000 études publiées et approuvé par 195 pays n’est pas plus alarmant que les précédents, mais beaucoup plus solide scientifiquement, commente Jean Jouzel, ancien vice-président du Giec et membre de l’Académie des sciences. Il ne remet en cause aucune des conclusions antérieures du Giec mais les détaille, les affine, les enrichit, ce qui explique sans doute l’inquiétude qu’il suscite. »

Une inquiétude renforcée par les événements climatiques graves survenus cet été, tels que les dômes de chaleur apparus sur le continent américain et le bassin méditerranéen, les inondations destructrices qui ont frappé l’Allemagne et la Belgique, ou encore les mégafeux qui ont sévi sur les différents continents. Le temps est loin où le président des États-Unis pouvait qualifier sans vergogne le réchauffement de « canular », et les climatosceptiques traiter leurs contradicteurs de… « nullards ». Certes, le climat terrestre n’a jamais été stable et fluctue naturellement depuis des millénaires. Mais l’effet de serre qui régule naturellement la planète s’est littéralement emballé au cours des quatre dernières décennies, dont la dernière est très probablement la plus chaude depuis 100 000 ans. Un réchauffement vertigineux, véritable rupture aux échelles géologiques, est donc en marche depuis le début du XXIe siècle, 2020 ayant rejoint 2016 sur le podium des années les plus chaudes. À qui la faute ? Sans surprise aux êtres humains, locataires bien souvent insoucieux de leur propre « niche écologique » car cracheurs compulsifs de gaz à effet de serre (GES). Quelque 2 400 milliards de tonnes de dioxyde de carbone (CO2), le principal de ces gaz, se sont envolées dans l’atmosphère depuis 1850 !

Inédite par son ampleur et sa rapidité, la surchauffe actuelle de la basse atmosphère, où les GES s’accumulent avec une efficacité qui tient à leur longue durée de vie (plusieurs centaines d’années pour le CO2), est exclusivement imputable aux actions humaines (industrie, transport, agriculture, élevage, production d’énergie, usage des sols, déforestation…).

Le léger doute qui subsistait, il y a peu encore, quant à l’influence possible des changements de l’activité solaire et du volcanisme est désormais levé. « Le rapport du Giec montre pour la première fois, sans équivoque possible, que l’entièreté du réchauffement observé au cours de la dernière décennie est d’origine anthropique », indique Christophe Cassou, chercheur au laboratoire Climat, environnement, couplages et incertitudes1 et l’un des auteurs du rapport. De combien la température terrestre a-t-elle augmenté, globalement, depuis l’ère préindustrielle ? Le diagnostic est net et précis : 1,1 °C, chaque fraction de degré supplémentaire signifiant des bouleversements plus intenses, plus fréquents, plus longs et à plus grande échelle.

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Sommaire

Dossier

Climat, notre avenir en question

Le réchauffement s’emballe-t-il ? Philippe Testard-Vaillant En 2050, quel sera le climat en France ? Philippe Testard-Vaillant Comment modéliser le futur ? Sebastián Escalón Que sait-on des systèmes qui pourraient basculer ? Sebastián Escalón Atténuation ou adaptation : comment agir ? Sebastián Escalón La justice peut-elle changer la donne ? Entretien avec Marta Torre-Schaub par Philippe Testard-Vaillant Biodiversité et climat : même combat ? Sebastián Escalón

Vivant
Matière
Sociétés
Univers
Terre
Numérique
Ingénierie
Portrait

Le deuxième siècle d’Edgar Morin
- Un parcours scientifique hors norme
- « La science du xxe siècle a favorisé l’émergence de la complexité »
- Quand le « morinisme » fait école

Francis Lecompte
Océanographie

Abysses : voyage en mer inconnue

Gaël Hautemulle
Série 1/2 : Les 5 grands travaux de la recherche européenne

Vaincre le cancer

Entretien avec Yvan De Launoit par Martin Koppe
Série 1/2 : Les 5 grands travaux de la recherche européenne

Protéger les sols

Marc-André Selosse
Entretien

Algorithmes : l’injustice artificielle ?

Entretien avec Sihem Amer-Yahia par Grégory Fléchet
Portfolio

Le monde invisible se dévoile

Anne-Sophie Boutaud
Neurosciences

Les dialogues de l’intestin et du cerveau

Léa Galanopoulo
Société

À l’écoute des langues rares

Laure Cailloce
Portfolio

En Indonésie, à la rencontre des rites ancestraux

Sophie Léonard
Portrait

Jean Dalibard, un physicien dans la lumière

Anne-Sophie Boutaud
Extraits

L’incroyable ballet amoureux des coraux

Laetitia Hédouin
Histoire

Si les mathématiques nous étaient contées

Anaïs Culot
L’informatique : un accélérateur de recherche

Une alliée contre le Covid-19

Julien Bourdet
L’informatique : un accélérateur de recherche

Quand le calcul dissèque la matière

Martin Koppe
Carnet de mission

Dans les secrets de l’hibernation

Fabrice Bertile

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