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  • Carnets de Science #10
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Carnets de science #10

Printemps / Été 2021
196 pages
Date de parution : 06/05/2021
198mm x 254mm
ISBN : 9-782271-137067
Dossier : La ruée vers l'espace
À la recherche des volcans sous-marins - Ces nombres qui dessinent le monde - Entretien avec Bruno David "Biodiversité : il n'est pas trop tard pour agir" - Les pôles, si loin, si proches...
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Extraits

« Biodiversité : il n’est pas trop tard pour agir » Entretien

« Biodiversité : il n’est pas trop tard pour agir »

Entretien avec BrunoDavid
Propos recueillis par Philippe Testard-Vaillant

Selon Bruno David, président du Muséum national d’histoire naturelle, Homo sapiens pousse les écosystèmes terrestres vers une crise majeure, accentuant notamment les risques de pandémie. Mais la solution est encore entre nos mains.

La crise de la biodiversité, dont vous décrivez les prémices dans votre livre À l’aube de la sixième extinction, ne provient-elle pas de notre manière de voir et de comprendre le monde ? Alors que nos lointains ancêtres chasseurs-cueilleurs se pensaient comme immergés dans la nature, ne nous sommes-nous pas extraits de la nature, « dé-naturés » ?

Bruno David (1). Le fait est que, depuis des millénaires, nous avons tendance à nous percevoir comme extérieurs et supérieurs au reste de la nature. La conscience que nous avons de nous-mêmes, contrairement au platane planté par Buffon en 1785, que j’aperçois de mon bureau du Muséum et qui ne sait pas qu’il existe, nous a amenés à nous dire qu’il y a nous, les humains, d’un côté, et tous les autres êtres vivants, de l’autre. À cause de ce dualisme Homme-Nature encore trop prégnant, notre empreinte sur la planète n’a cessé de s’intensifier. Tant que nous étions 500 millions sur Terre, il n’y avait pas de problème majeur.

Notre impact était limité et localisé. Mais aujourd’hui que nous sommes près de 8 milliards, la pression que nous faisons subir à la biodiversité est beaucoup plus forte, sachant que l’empreinte écologique d’un Américain du Nord est nettement supérieure à celle d’un Européen ou d’un Africain (l’écart est de 7 à 4 et à 1).

Alors que les cinq vagues d’extinctions massives que la Terre a connues au cours des 500 derniers millions d’années ont toutes été causées par un événement naturel comme un volcanisme important ou l’impact de météorites, la crise actuelle a pour origine certains comportements d’une espèce de bipèdes à sang chaud plutôt nombreux : Homo sapiens. Plus exactement, cette crise est multifactorielle. Comme dans Le Crime de l’Orient-Express, il y a plusieurs coupables, tous liés à l’Homme : la démographie galopante, l’étalement urbain synonyme d’artificialisation des sols, la surexploitation des ressources océaniques, l’agriculture intensive, la déforestation, les pollutions en tous genres, l’introduction d’espèces invasives, le changement climatique…

 

À lire

À l’aube de la 6e extinction. Comment habiter la Terre, Bruno David, Éd. Grasset, janvier 2021.

 

Note

[1] Paléontologue, spécialiste de l’évolution et de biologie marine, Bruno David est président du Muséum national d’histoire naturelle. Directeur de recherche au CNRS, il a aussi dirigé l’unité Biogéosciences (CNRS/Université de Bourgogne Franche-Comté).
Une nouvelle ère pour la conquête spatiale Dossier

Une nouvelle ère pour la conquête spatiale

Sebastián Escalón
Start-up, milliardaires, nouvelles puissances spatiales et constellations de nanosatellites : l’exploration spatiale est entrée dans une nouvelle ère. Rencontre avec ces nouveaux acteurs et tour d’horizon des dernières avancées de la recherche spatiale.

Le 16 novembre 2020, quatre astronautes à bord de la capsule spatiale Crew Dragon accostaient la Station spatiale internationale (ISS). Sourires, accolades et poignées de main : la rencontre en apesanteur entre l’équipage de la station et ces nouveaux arrivants était retransmise par toutes les chaînes d’information du monde. La raison de cet engouement médiatique ? C’était la première fois qu’une compagnie privée, en l’occurrence SpaceX, desservait l’ISS. Par ricochet, c’était l’instant où la Russie perdait le monopole des vols habités vers la station, monopole qu’elle maintenait depuis la mise au rebut des navettes spatiales américaines en 2011. Nouvelle preuve que le spatial était bel et bien entré dans une nouvelle ère, celle du New Space.

Ce nouveau chapitre de l’exploration se caractérise par l’irruption d’acteurs tels que les milliardaires Elon Musk, fondateur de SpaceX, ou Jeff Bezos, PDG d’Amazon et fondateur de Blue Origin. Autre nouveauté : l’entrée sur scène de pays comme les Émirats arabes unis ou la Corée du Sud et la montée en puissance des ambitions spatiales de la Chine et de l’Inde. On assiste également à une multiplication des missions d’exploration spatiale et des grands instruments en orbite. De plus, les progrès réalisés dans la construction de très petits satellites s’apprêtent à offrir aux chercheurs des outils inédits qui apporteront, promis, leur lot de découvertes.
À la recherche des volcans sous-marins Carnet de mission

À la recherche des volcans sous-marins

Article écrit avec Laure Cailloce
En novembre 2019, une équipe de scientifiques embarque à Nouméa à bord du navire océanographique L’Atalante. Sa mission : traquer les cheminées hydrothermales peu profondes. Les chercheurs de la mission Tonga ont une intuition : ces structures volcaniques pourraient jouer un rôle dans la captation du CO2 par l’océan et contribuer à la régulation du climat mondial.

#1 – 1er novembre 2019 – Nous quittons Nouméa !

Voilà, nous y sommes. 14 heures, on largue les amarres. L’Atalante, navire de la flotte océanographique française, s’éloigne lentement du quai du port de Nouméa avec à son bord près de 60 personnes : 29 scientifiques, 28 membres d’équipage, un médecin et un réalisateur venu filmer la mission. Nous sommes tous sur le pont avant à regarder la ville s’éloigner, un peu fatigués par ces trois jours d’installation à bord, mais très excités à l’idée de commencer enfin cette mission d’exploration : durant trente-sept jours, nous allons parcourir 6 100 km dans le sud du Pacifique. Notre périple nous mènera de la Nouvelle-Calédonie jusqu’à l’archipel des Tonga, puis plus à l’est encore, jusqu’aux zones les plus pauvres biologiquement de l’océan mondial, au beau milieu du vaste Pacifique.

L’océan est en partie fertilisé par les apports terrestres venus des divers continents, en particulier le fer issu des zones désertiques ; plus on s’éloigne de ceux-ci, plus les apports en nutriments sont faibles et plus la richesse biologique décroît. Mais pas partout… Dans une immense région située à l’ouest de l’archipel des Tonga, une oasis sous-marine est le théâtre de floraisons intenses de phyto­plancton. Comment cela est-il possible alors que, tout autour, l’océan est pauvre, dépourvu des éléments nutritifs nécessaires à la croissance du phytoplancton ? Notre intuition, portée par des résultats que nous avons obtenus ces dernières années, est que les concentrations très fortes en fer dans le voisinage de l’arc des Tonga pourraient avoir comme origine des sources hydrothermales peu profondes – autrement dit, des volcans sous-marins ! Les espèces de phytoplancton repérées dans cette zone sont en effet très consommatrices de ce métal, dont on sait qu’il est émis en grande quantité par les cheminées volcaniques sous-marines.

Arriver à prouver ce lien de causalité permettrait d’apporter un éclairage nouveau sur les facteurs qui influencent la « pompe biologique à carbone » de l’océan : ce processus permet de séquestrer une partie importante du CO2 émis par l’homme dans l’atmosphère, et à ce titre participe à la régulation du changement climatique. Or aujourd’hui, les sources hydrothermales ne sont pas prises en compte dans les modélisations du cycle du carbone à l’échelle globale. C’est la première fois qu’une mission océanographique va tenter de répondre à cette question... Mais pour cela, il va falloir trouver des sources hydrothermales peu profondes émettant des fluides jusqu’aux eaux éclairées de la surface de l’océan, là où le phytoplancton effectue sa photosynthèse. C’est notre quête, et le véritable Graal de notre mission Tonga !

Avec ma collègue Sophie Bonnet, nous travaillons au montage de cette expédition depuis trois ans, à travers une multitude de dépôts de projets, notamment pour obtenir le navire et les financements de cette expédition au bout du monde. Je ressens ce moment du départ comme le passage d’une borne qui a été difficile à atteindre et pourtant tout ne fait que commencer !

à bord, on dirait une ruche. L’équipe internationale de scientifiques (chercheurs, ingénieurs, étudiants) trouve peu à peu ses marques dans ce navire de 85 mètres. Tous vont vite apprendre à se repérer dans les locaux situés à quatre ponts différents : les cinq laboratoires fixes du bateau mais aussi les quatre container-­laboratoires, les cabines, la cafétéria, le PC science... Certains ont peur d’avoir le mal de mer, mais les quelques heures de navigation au calme dans le lagon finissent par rassurer tout le monde.

à la sortie du lagon par la fameuse passe de la Havannah, la mer est quand même un peu formée et je me sens tellement libre et heureuse d’être en mer, bien qu’« enfermée » sur un bateau.

AUTEUR

Cécile Guieu est biogéochimiste au Laboratoire d’océanographie de Villefranche-sur-Mer (1). Elle codirige la mission Tonga avec l’océanographe Sophie Bonnet, de l’Institut méditerranéen d’océanologie (2).

 

NOTES

[1] Unité CNRS/­Sorbonne Université.

[2] Unité CNRS/Université de Toulon/Aix-Marseille Université/Institut de recherche pour le développement.

Sommaire

Dossier

La ruée vers l'espace

Une nouvelle ère pour la conquête spatiale Sebastián Escalón Des expériences en apesanteur Martin Koppe Objectif Terre Grégory Fléchet Une constellation de missions Mathieu Grousson, Martin Koppe et la rédaction Comment booster la propulsion Vahé Ter Minassian Peut-on supporter de longs vols spatiaux ? Kheira Bettayeb

Vivant
Matière
Sociétés
Univers
Terre
Numérique
Ingénierie
Les pôles si loin, si proches

Les pôles au centre de l’échiquier mondial

Laure Cailloce
Les pôles si loin, si proches

La science en pole position

Laure Cailloce
Portrait

Julie Grollier, chercheuse (bio)inspirée

Jean-Baptiste Veyrieras
Santé

Covid-19 : les variants changent la donne

Martin Koppe
Entretien

« Biodiversité : il n’est pas trop tard pour agir »

Entretien avec Bruno David par Philippe Testard-Vaillant
Environnement

Les insectes, ces gardiens des écosystèmes

Entretien avec Philippe Grandcolas par Jean-Baptiste Veyrieras
Histoire

Abolition de la peine de mort : une histoire capitale

Philippe Testard-Vaillant
Portfolio

Aux petits soins de la forêt

Mathématiques

Ces nombres qui dessinent le monde

Anaïs Culot
Point de vue

Demain boirons-nous l’eau des océans ?

Mihail Barboiu
Portfolio

Les voiliers de la Rome antique remis à flot !

Entretien

« Il y a chez tous les humains une manière commune de penser le passé »

Entretien avec Alain Schnapp par Francis Lecompte
Physique

Pollution : les sols ont une mémoire

Laure Cailloce
Physique

Vers un nouveau continent de la physique ?

Mathieu Grousson
Carnet de mission

A la recherche des volcans sous-marins

Cécile Guieu avec Laure Cailloce

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