Présentation du Mook

  • Carnets de Science #8
  • Carnets de Science #8
  • Carnets de Science #8
  • Carnets de Science #8
  • Carnets de Science #8

Carnets de science #8

Printemps / été 2020
196 pages
Date de parution : 11/06/2020
198mm x 254mm
ISBN : 978-2-271-13314-4
Dossier : Ces robots qui nous veulent du bien
De la peste noire au Covid-19, une histoire d'épidémies - Eva Illouz, une sociologue contre la dictature du bonheur - Nouveaux regards sur la dépression - La conjecture, enfant terrible des maths.
Voir le sommaire complet

Galerie photo

Extraits

L’humanité a toujours vécu avec les virus Entretien

L’humanité a toujours vécu avec les virus

Entretien avec Anne Rasmussen, propos recueillis par Louise Mussat


 

La crise sanitaire actuelle liée à la pandémie de Covid-19 sera pour longtemps gravée dans notre mémoire collective. Quelle est la dernière pandémie à avoir ainsi marqué l’histoire ?
Anne Rasmussen : Sans aucun doute la grippe dite « espagnole ». À une première vague, apparue au printemps 1918, succéda une seconde, beaucoup plus meurtrière, à l’automne suivant. La situation de guerre mondiale, avec ses déplacements incessants de troupes, de prisonniers, de réfugiés, facilita dans les pays belligérants la propagation d’un virus respiratoire déjà très contagieux. Les épidémiologistes soupçonnaient que, comme aujourd’hui avec le coronavirus, des « porteurs sains » – une notion alors toute nouvelle –contribuaient à disséminer le virus.

Dans certains villages en effet, la grippe faisait mystérieusement son apparition, sans que l’on puisse établir une connexion entre la survenue d’un nouveau cas et l’arrivée d’un malade. Bref, le cocktail était explosif. Les premiers bilans qui furent consacrés par les bactériologistes à l’épisode grippal, dans les années 1920, estimaient qu’il avait fait plus de 20 millions de morts. Mais c’était en sous-estimant le tribut en victimes payé notamment par l’Asie que l’on avait du mal à évaluer faute de données d’état civil. On pense aujourd’hui, grâce au travail des historiens, que le bilan s’établit plutôt autour de 50 millions de morts, estimation basse. Cette épidémie était inédite, non seulement pour son terrible bilan, mais aussi parce qu’elle avait balayé toutes les régions du monde sans exception. C’était la première pandémie à une échelle aussi globale.

Aujourd’hui, la mondialisation est pointée du doigt. Était-ce déjà le cas à l’époque de la grippe espagnole ou d’autres épidémies ?
A. R. : Oui, dans une certaine mesure. En fait, cela commence dès l’épidémie de grippe précédant la grippe espagnole, celle de 1889-1890. En pleine révolution industrielle, alors que le trafic entre les peuples s’accroît considérablement, on dit que « la grippe prend le train ». Les épidémiologistes la voient se propage en Europe depuis la Russie. On fait déjà le constat que le monde est beaucoup plus interdépendant qu’avant, que ce qui survient en Ouzbékistan, par exemple, peut avoir un impact sur un village en France.(…)
Sommes-nous prêts à cohabiter ? Enquête

Sommes-nous prêts à cohabiter ?

Par Philippe Testard-Vaillant


 

(…) « Les robots suscitent chez nous l’espoir d’avoir moins à travailler en même temps que la crainte d’être condamné au chômage et devenir inutile ; l’espoir de satisfaire certains désirs et la crainte de voir les contacts interpersonnels se raréfier ; l’espoir de disposer d’un plus grand pouvoir sur son environnement et la crainte (infondée, Ndlr) que les machines se révoltent et nous asservissent ; l’espoir de vivre beaucoup plus longtemps grâce à l’implantation de prothèses bioniques et la crainte de perdre son identité, etc. », relève Nicolas Spatola, du Laboratoire de psychologie sociale et cognitive.

Si la peur des robots reste vivace dans notre pays, tel n’est pas le cas au Japon où ces entités ne sont nullement perçues comme des menaces. « Des études montrent que les universitaires nippons ont 90% d’expérience de plus des interactions humain- machine que leurs collègues américains », assure le même chercheur selon lequel le shintoïsme, religion originelle de l’archipel, explique pour partie la robophilie du pays. Cette croyance animiste honore en effet d’innombrables divinités (les kamis) personnifiant le vent, le tonnerre, le Soleil, les montagnes... Les esprits, selon cette forme de spiritualité́, peuvent donc habiter les robots. « L’Occident et le Japon représentent deux visions philosophiques du monde très différentes quant à la nature des androïdes, commente Nicolas Spatola. Cette opposition montre l’intérêt de prendre en considération les facteurs culturels dans l’étude des interactions humain-robot. » Lesquelles ont de bonnes chances de constituer un des traits structurants de nos sociétés dans un proche avenir. Mais imaginer les conséquences de la prolifération d’artefacts humains dans les maisons, les bureaux, les structures d’enseignement, les transports en commun, les centres commerciaux, etc., reste une gageure. Le sujet est encore peu étudié. « Il est très compliqué, à l’heure actuelle, pour les sciences sociales, de décrire les modifications comportementales que pourrait induire la présence massive de nouveaux agents sociaux artificiels dans notre quotidien », souligne Nicolas Spatola. (…)
Les ondes térahertz enfin domptées Physique

Les ondes térahertz enfin domptées

Par Julien Bourdet


 

Voir à travers les vêtements ou le plastique, détecter des explosifs ou des produits toxiques dans un paquet, identifier des cancers de façon précoce... Les ondes térahertz (THz), encore peu connues du grand public, s’apprêtent à révolutionner notre quotidien en offrant une multitude d’applications aussi précieuses les unes que les autres.

Jusqu’ici confinés au laboratoire, les rayons T, comme on les appelle aussi, ont fait ces dernières années leur entrée dans le monde industriel. Et plus rien ne semble les arrêter !

Tout comme la lumière, les ondes térahertz sont des ondes électromagnétiques dont la fréquence s’étend entre 0,1 et 10 THz. Dans le spectre électromagnétique, ces radiations se situent ainsi entre les micro-ondes, utilisées notamment dans nos fours, et l’infrarouge, émis entre autres par nos télécommandes. Les propriétés des ondes THz sont extrêmement séduisantes. « Comme les micro-ondes, elles possèdent un fort pouvoir pénétrant leur permettant de traverser des matériaux tels que les vêtements, le bois, le plastique. Et comme la lumière visible, elles se laissent focaliser, pouvant révéler des détails fins, de l’ordre du millimètre, voire moins. Enfin, comme l’infrarouge et à l’inverse des rayons X, elles sont non ionisantes, et donc a priori sans danger pour le vivant », explique Eric Freysz, du Laboratoire ondes et matière d’Aquitaine1. Bref, autant de qualités qui ont immédiatement laissé entrevoir de multiples utilisations. Mais pendant longtemps, les ondes THz sont restées quelque peu négligées par les scientifiques. Et ce, faute de sources et de détecteurs suffisamment performants. Ainsi, si la première émission THz remonte à 1911, il aura fallu attendre les années 1980 pour voir apparaître un émetteur digne de ce nom.(…)
Les stèles perdues d’Ethiopie Carnet de mission

Les stèles perdues d’Ethiopie

Le carnet de mission de l’historienne Amélie Chekroun


#01 – 9 mars 2018, 15 h 30 – Le cimetière disparu

Nous interrogeons les locaux. Eux seuls connaissent à la fois les environs et les traditions orales liées à l’histoire du village. Kebrum, notre guide, leur traduit ma question : « Savez-vous s’il existe, autour du village, des ruines ou d’autres vestiges d’une occupation ancienne ? » Voir arriver trois historiens étrangers ne semble pas les troubler. Au contraire, ils souhaitent nous aider. L’un d’entre eux nous aiguille vers des maisons abandonnées. Un autre nous indique d’anciens bassins d’irrigation. Je suis avec Bertrand Hirsch, de l’Institut des mondes africains 1, avec qui j’explore le passé éthiopien depuis quinze ans, et Julien Loiseau, historien lui aussi à l’Institut de recherches et d’étude sur le monde arabe et musulman, qui pilote cette prospection dans le nord de l’Éthiopie.

Nous partons à l’assaut des chemins du village perché de Igre Hariba et de ses alentours sans négliger la moindre piste. Le même protocole se répète à chaque fois : marche, observations, déception. Rien ne semble dater de la période médiévale qui nous intéresse. Et, surtout, personne du village n’a entendu parler de ces fameuses stèles funéraires gravées en arabe. Nous savons que ce cimetière existe. Avant la mission, Bertrand a travaillé sur toute la documentation liée aux stèles. Le nom Igre Hariba, ou une variante, revient dans tous les écrits depuis le XIXe siècle.

Il fallait bien commencer notre enquête quelque part ! Notre position, en hauteur, offre une vue dégagée des collines sèches et rocailleuses qui se dessinent derrière la plaine. Ce cimetière ne doit pas être loin. Au cours du XXe siècle, des archéologues et explorateurs ont identifié vingt et une stèles musulmanes ici, dans le nord éthiopien. Malheureusement, le lieu exact de leur découverte par les habitants ou les scientifiques n’est jamais mentionné. Toutes les stèles décrites par nos prédécesseurs ont par ailleurs été déplacées ; principalement dans des musées. Ces quelques pierres inscrites en arabe possèdent une valeur historique inestimable : ce sont les seules sources écrites qui attestent d’une présence musulmane dans la région, au Moyen Âge. Et ces lignes gravées dans la pierre ouvrent une fenêtre sur une communauté oubliée depuis des siècles. L’étude des inscriptions a été menée dans les années 1960 par l’épigraphiste Madeleine Schneider qui fut la première à comprendre leur importance. Les dates inscrites dans la pierre, renseignées au jour près, permettent d’ancrer une présence musulmane sur ce territoire à une époque où toutes les sources historiques font état d’une population exclusivement chrétienne. Ce n’est pas tout. Les noms des défunts permettent également d supposer que cette communauté s’intégrait probablement dans un réseau économique ou politique étendu.(…)

Sommaire

Dossier

Ces robots qui nous veulent du bien

Sommes-nous prêts à cohabiter Philippe Testard-Vaillant Les robots s'installent au bloc Hugo Leroux Les 5 talentueux Martin Koppe avec Charline Zeitoun Des robots médiateurs pour reconnecter les patients Sophie Sakka Science vs fiction Charline Zeitoun

Vivant
Matière
Sociétés
Univers
Terre
Numérique
Ingénierie
Entretien

« L’humanité a toujours vécu avec les virus »

Entretien avec Anne Rasmussen par Louise Mussat
Sciences humaines

Qui a peur du genre ?

Fabien Trécourt
Astrophysique

Objectif astéroïdes

Entretien avec Patrick Michel par Grégory Fléchet
Sociologie

Eva Illouz, une sociologue contre la tyrannie des émotions

Philippe Nessmann
Mathématiques

La conjecture, l’enfant terrible des maths

Anaïs Culot
Portfolio

Alerte sur le toit du monde

Matière

Les ondes térahertz enfin domptées

Julien Bourdet
Environnement

Dépolluer les océans : n’est-il pas trop tard ?

Julien Bourdet
Portfolio

Des dromadaires aux pieds d’argile

Ingénierie

L’homme de l’Antarctique

Laure Cailloce
Médecine

Nouveaux regards sur la dépression

Francis Lecompte
Médecine

Quand la dépression n’arrive pas seule

Laure Cailloce

« Je me souviens… »

Myriam Lajaunie
Entretien

Enfants et écrans, les liaisons dangereuses

Entretien avec Michel Desmurget par Laure Cailloce
Carnet de mission

Les stèles perdues d’Éthiopie

Amélie Chekroun avec Nicolas Baker

Où trouver Carnets de Science

En ligne, dans votre boîte aux lettres, ou près de chez vous en librairie et point Relay.

Abonnement

Carnets de science, tous les six mois, un format qui permet à tous de s'affranchir de l'instantanéité de l'information pour approfondir des sujets de science.