
Océan, la science sur le pont
Dossier coordonné par Laure CailloceEncore sous-étudiés, du fait de leur difficulté d’accès, les écosystèmes marins pourraient être bien plus riches en espèces que les milieux terrestres, selon les scientifiques. « Un peu moins de 300 000 espèces marines ont été décrites à ce jour, précise Pierre-Marie Sarradin, directeur de l’unité Biologie et écologie des écosystèmes marins profonds. Mais les modélisations nous indiquent qu’il pourrait y en avoir entre 1 et 10 millions. »
« Aujourd’hui, l’observation et la connaissance de l’océan progressent avant tout grâce aux avancées technologiques dont bénéficie la recherche océanographique », explique Fabrizio D’Ortenzio, au Laboratoire d’océanographie de Villefranche,à Villefranche-sur-Mer. Parmi cet arsenal : les satellites couleur de l’eau, capables notamment de détecter avec précision les zones plus riches en plancton, les planeurs sous-marins autonomes (gliders), les flotteurs profileurs à faible consommation d’énergie (type balises du programme Argo), les submersibles embarquant des humains, tel le Nautile, ou les engins pilotés depuis un navire de recherche…
C’est particulièrement vrai pour la connaissance des grands fonds marins, ces endroits considérés il y a encore cinquante ans comme des milieux plats et vides de toute vie. L’idée selon laquelle cette partie de l’océan ne serait qu’une vaste étendue désertique a volé en éclat un beau jour de février 1977, lorsque le submersible américain Alvin, le premier à s’enfoncer dans les profondeurs de l’océan, a permis la découverte des fumeurs noirs par 2 500 mètres de fond.