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  • Carnets de Science #7
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Carnets de science #7

Automne / Hiver 2019
196 pages
Date de parution : 07/11/2019
198mm x 254mm
ISBN : 978-2-271-12534-7
Dossier : La science peut-elle réparer le monde ?
Ces incroyables inventions du passé - Les promesses de l'ordinateur quantique - Sur les traces des premiers peintres d'Afrique - l'immunothérapie vaincra-t-elle le cancer ?
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Galerie photo

Extraits

Au Lautaret, la montagne est un laboratoire Enquête

Au Lautaret, la montagne est un laboratoire

Laure Cailloce
Quand on nous a annoncé le but de notre randonnée – aller collecter des algues « rouges » dans la montagne –, on a cru mal entendre. Mais après avoir passé le mythique col du Galibier (connu de tous les fans du Tour de France), puis grimpé une petite heure sur un sentier du massif des Cerces, les premiers névés apparaissent et l’on doit se rendre à l’évidence : ce sont bien de minuscules particules rouges que l’on aperçoit dans la neige, celles-là mêmes qui donnent leur nom aux « neiges de sang » (ou « sang des glaciers ») bien connues des montagnards.

« On trouve des algues dans tous les milieux : l’océan, les lacs, le sol, la neige…, confirme Éric Maréchal, biochimiste végétal au laboratoire de physiologie cellulaire et végétale de Grenoble. Celles-ci sont microscopiques et à peine plus grosses qu’un grain de neige. Normalement, elles sont vertes et sont noyées dans la neige. Mais, au sortir de l’hiver, les névés commencent à fondre et les algues reçoivent soudain beaucoup d’UV (on reçoit en montagne 30 % d’UV de plus qu’en plaine, NDLR) ; sans la protection de l’épaisse couche de neige qui les maintient à 0 °C, elles sont confrontées à des écarts extrêmes de température… » Stressées par ce changement brutal d’environnement, les microalgues produisent un puissant antioxydant de couleur rouge, l’astaxanthine, de la famille des caroténoïdes.

Avec le projet Alpalga, qu’il pilote depuis deux ans, Éric Maréchal cherche à en savoir plus sur ces algues que l’on retrouve aussi aux latitudes polaires : quelles sont les différentes espèces présentes, leur physiologie, leur développement, et quel est l’effet du changement climatique et de son cortège de symptômes (recul des glaciers, raccourcissement des épisodes de neige, disparition plus rapide de la couverture neigeuse) sur ce fragile écosystème qui accueille aussi champignons microscopiques et bactéries. Des travaux largement facilités par le Jardin du Lautaret2 que nous avons quitté au petit matin. Unique station de recherche de montagne, il est accessible par la route en toutes saisons, et fournit locaux, dortoirs, laboratoires et assistance logistique aux chercheurs intéressés par les milieux d’altitude. Le directeur du Jardin du Lautaret, Jean-Gabriel Valay, est d’ailleurs de l’expédition et n’hésite pas à mouiller la chemise : après avoir identifié au GPS l’endroit exact des précédents prélèvements, il creuse la neige à la pelle, afin de récolter les échantillons d’algues à différents niveaux de profondeur. À deux pas, une équipe du Centre d’études de la neige s’active autour de ses instruments. Car nos experts en algues ne sont pas venus seuls…
Face à la crise, que pouvons-nous attendre de la science ? Patrimoine

Face à la crise, que pouvons-nous attendre de la science ?

Jean-Baptiste Veyrieras
Aux parlementaires qui ont boycotté l’intervention de Greta Thunberg à l’Assemblée nationale le 23 juillet dernier, la figure de proue du mouvement de grève de la jeunesse pour le climat a simplement rappelé leur devoir de raison : « Après tout, nous ne sommes que des enfants, vous n’avez pas le devoir de nous écouter. Par contre, vous avez le devoir d’écouter les scientifiques, et c’est tout ce que nous vous demandons : unissez-vous derrière les scientifiques. » Habile, cette réponse n’en interroge pas moins profondément l’ambivalence des relations entre sciences et politique. Quand les gouvernements du monde entier s’empressent de promouvoir l’innovation technologique et le prestige scientifique, les savoirs sur le réchauffement climatique et le déclin massif de la biodiversité semblent eux, à leurs yeux, perdre tout caractère d’urgence : « Il est devenu manifeste que le consensus scientifique ne suffit pas à engendrer des décisions politiques globales significatives », déplore l’historienne des sciences et spécialiste des politiques climatiques Amy Dahan, du Centre Alexandre-Koyré. « Les cartes sont pourtant sur la table, pointe Mathias Girel, qui dirige le Centre d’archives en philosophie, histoire et édition des sciences (Caphès). Mais la mise en pratique se heurte à l’inertie des systèmes politiques et économiques. »

Alors que faire ? La communauté scientifique doit-elle se faire plus pressante dans le jeu politique ? Face à cette inertie, d’autres voies sont-elles possibles entre le pessimisme des uns, collapsologues convaincus de l’effondrement proche et inévitable de notre mode de vie actuel, et l’optimisme scientiste des autres, persuadés que des solutions « techniques » peuvent être mises au point pour sauver le monde ? De notre côté, que pouvons-nous attendre raisonnablement des sciences naturelles et des sciences humaines ?

Ce qui est sûr, c’est que « les scientifiques joueront un rôle primordial pour nous guider dans les choix politiques face aux dérèglements climatiques », souligne d’emblée Amy Dahan. On imagine mal en effet se passer de leur expertise pour évaluer les différentes options en matière de réorganisation des transports, des modes de production agricoles et industriels, de  pratiques alimentaires, d’aménagement du territoire et de nouvelles stratégies énergétiques, aussi bien pour atténuer ces dérèglements que pour aider nos sociétés à s’y adapter…
Sur les traces des premiers peintres d’Afrique Carnet de mission

Sur les traces des premiers peintres d’Afrique

Camille Bourdier chercheuse au laboratoire Traces1
#01 – 5 novembre 2018, 8 h 30 – Un éléphant

Je ne vois qu’elle. Une fine ligne d’un rouge profond qui glisse doucement le long de la paroi. La ligne erre parmi les différentes taches qui parsèment la surface. Parfois elle s’interrompt, coupée dans son élan par l’usure des siècles. Puis elle reprend son cours, marque un virage. Je consigne soigneusement ses déambulations sur papier transparent. Mon trait est guidé par la photo, en taille réelle, de la zone que je suis en train d’examiner. Mon image a été travaillée numériquement afin d’accentuer les différentes couleurs et contrastes de la paroi, et faire ressortir ces tracés fugaces.

Je suis archéologue pariétaliste mais ce travail de relevé ressemble plutôt à celui d’une géographe. Pas de frontières politiques, de forêts, ou de bâtiments sur la carte que je dessine, mais des fissures, des traces d’oxydation, des écaillages de la paroi, des déjections de chauve-souris. Chaque élément codifié prend la forme de lignes, de pointillés ou de croix de couleurs différentes. La ligne que je piste, marquée d’un trait continu noir, est le dernier élément de ma carte : le vestige d’une peinture apposée sur la paroi par quelqu’un il y a des milliers d’années.

Au fur et à mesure de ma progression lente et méthodique, le sujet de la peinture se précise. Des défenses, une trompe. Une tête d’éléphant. Lors de ma première observation dans la grotte puis pendant la phase de traitement des images en laboratoire, certains traits de cet animal emblématique m’avaient interpellée.

Mais ce n’est qu’aujourd’hui, en analysant la paroi et en multipliant les allers-retours entre le document imprimé, le transparent et la roche que je peux véritablement me rendre compte que l’animal est en fait complet. Il fait 1 mètre de large ! Je suis particulièrement touchée par son style : le fin tracé d’une silhouette, tout en rondeurs et si gracieuse. L’intérieur du dessin a été laissé brut, sans peinture, renforçant la délicatesse de l’évocation. Je trouve l’image magnifique. Cette silhouette monochrome se démarque des autres peintures de l’abri, presque toutes coloriées, dans lesquelles plusieurs pigments de couleurs différentes sont souvent associés. Et son emplacement fait d’elle une oeuvre particulière : cet éléphant a été peint à plus de 5 mètres du sol. Comment ont-ils fait ? Travaillaient-ils sur une échelle ? Avaient-ils mis au point des échafaudages ? Surtout qu’à l’époque le sol était bien plus bas qu’aujourd’hui... Du haut de ma plateforme de planches et de métal rouillé, je suis arrachée à mes rêveries par le temps qui ne cesse de me rappeler que le travail de terrain est précieux, passe vite et doit être le plus productif possible. Je retourne à ma ligne rouge.

 

#02 – 6 novembre 2018, 9 h – La grotte de Pomongwe, pierre de Rosette de l’Afrique australe

La grotte de Pomongwe m’impressionnera toujours par ses dimensions.

Il s’agit d’un abri ouvert plutôt qu’une grotte, de forme ovale, de 20 mètres de large, 18 mètres de long et d’une quinzaine de mètres de haut…

Sommaire

Dossier

La science peut-elle réparer le monde ?

Face à la crise, que pouvons-nous attendre de la science ? Jean-Baptiste Veyrieras De l’expertise scientifique à l’action politique Grégory Fléchet Climat, biodiversité, pollution… Les pistes des scientifiques Kheira Bettayeb et Anne-Sophie Boutaud Bonnes feuilles : Comment dépolluer un sol ? Jean Weissenbach L’indispensable réduction des inégalités Entretien avec Gaël Giraud par Jean-Baptiste Veyrieras

Vivant
Matière
Sociétés
Univers
Terre
Numérique
Ingénierie
Reportage

Au Lautaret, la montagne est un laboratoire

Laure Cailloce
Numérique

Ordinateur : les promesses de l’aube quantique

Julien Bourdet
Climat

Un nouveau souffle pour le vent

Francis Lecompte
Médecine

Cancer : la révolution de l’immunothérapie

Léa Galanopoulo
Exobiologie

Sur la piste des intelligences extraterrestres

Entretien avec Florence Raulin-Cerceau par Lydia Ben Ytzhak
Portfolio

La saga des inventions

Entretien

Thomas Ebbesen, le chercheur de lumière

Entretien par Louise Mussat
Histoire

Affaire Dreyfus : quand le monde écrivait à Zola

Entretien avec Olivier Lumbroso par Philippe Testard-Vaillant
Portfolio

Les scientifiques de l’extrême

Droit

Faut-il supprimer la mention « sexe » de l’état civil ?

Stéphanie Arc
Point de vue

Le robot, un « animal » comme les autres ?

Jean-François Bonnefon
Archéologie

Une riche cité découverte aux portes de la Mésopotamie

Jean-Baptiste Veyrieras
Histoire

Le CNRS, 80 ans d’histoire, épisode 2/2

Denis Guthleben
Sciences et technologies

« Je me souviens »

Par Isabelle Viaud-Delmon
Carnet de mission

Sur les traces des premiers peintres d’Afrique

Camille Bourdier

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