Valérie Masson-Delmotte, une voix pour le climat
Philippe NessmannPour arriver à faire tant de choses, certaines personnes doivent avoir un truc. Elles ne dorment pas la nuit. Ou bien leurs journées durent vingt-huit heures. Ou un feu sacré brûle en elles, leur interdisant de s’arrêter et de se reposer.
La climatologue française Valérie Masson-Delmotte, lauréate de la médaille d’argent du CNRS 2019, est l’une d’elles. En décembre 2018, la célèbre revue scientifique Nature l’a classée dans sa liste des dix personnalités qui ont le plus compté en 2018. Son mérite : avoir mené à bien la rédaction d’un rapport sur les conséquences d’un réchauffement climatique limité à 1,5 °C, en agrégeant plus de six mille publications sur le sujet en un an et demi. Et cela tout en étant, à 47 ans, directrice de recherche au CEA, en ayant de hautes responsabilités au sein du Giec et en étant nommée membre du tout nouveau Haut Conseil pour le climat…
Comment fait Valérie Masson-Delmotte pour mener toutes ces activités de front ? Son bureau au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE) livre peu d’indices. Sur les murs, des cartes des régions polaires. Dans un coin, un vélo électrique rouge. Accrochée sous la fenêtre, une vieille photo de vacances d’elle avec ses deux fillettes. Sur la table de travail, un ordinateur portable, un téléphone et six épaisses liasses de publications scientifiques reliées et annotées. « Ma lecture pendant les fêtes de fin d’année ! », s’amuse la climatologue. En fait, le début d’explication ne se trouve pas dans le bureau, mais dehors, de l’autre côté de la fenêtre, dans ce ciel bas où filent les nuages.
« J’ai toujours aimé regarder les nuages. Enfant, je passais des heures à en observer les formes, jamais identiques ! » De son enfance à Nancy, elle garde le souvenir vivace de vacances en famille sous la tente, au contact de la nature. « C’était avant les jeux vidéo, à une époque où on avait le luxe de pouvoir s’ennuyer. » (…)