Marie Curie, une scientifique engagée
Anne-Sophie BoutaudCent cinquante ans après sa naissance, Marie Curie fascine toujours. Symbole d’une recherche désintéressée, elle incarne aussi la place conquise en science par les femmes : aujourd’hui encore, elle est la seule femme à avoir reçu deux Nobel. Retour sur le destin d’une passionnée.
« Elle est femme, elle appartient à une nation opprimée, elle est pauvre, elle est belle. Une vocation puissante lui fait quitter sa patrie, la Pologne, pour venir étudier à Paris où elle vit des années de solitude, de difficultés. Elle rencontre un homme qui a du génie comme elle. Elle l’épouse. Leur bonheur est d’une qualité unique. » En 1937, Ève Curie esquisse les contours d’un destin, celui de sa mère, à laquelle elle consacre une biographie trois ans après sa mort. Madame Curie, traduit dans une vingtaine de langues, a contribué à la popularité de Marie Curie à travers le monde. Et, paradoxalement, au mythe qui l’entoure encore aujourd’hui. Cette figure d’héroïne sacrifiée pour et par la recherche, drapée dans sa blouse noire, mythique, presque mystique, l’a toujours agacée. « C’était même contraire à l’idée qu’elle se faisait de la science. C’était pour elle un plaisir et une passion », raconte Hélène Langevin-Joliot, petite-fille de Marie Curie, elle aussi physicienne et directrice de recherche émérite au CNRS.
Première femme à recevoir un prix Nobel, Marie Curie est la seule à avoir été deux fois nobélisée : en physique, pour la découverte de la radioactivité naturelle et en chimie pour ses découvertes de deux éléments radioactifs, le polonium et le radium. Au-delà de la femme de science, elle s’est engagée sans pour autant être militante. Féministe par l’exemple, Marie Curie incarnait l’opiniâtreté. Et même si elle s’est rarement exprimée publiquement sur des questions d’intérêt général, « Marie Curie était en avance sur son temps sur un certain nombre de points. Mais elle était dans son siècle… », insiste Hélène
Langevin-Joliot. (...)