Le deuxième siècle d’Edgar Morin
Francis Lecompte
Mais ce chemin n’a jamais été tracé et jamais ma pensée ne s’est trouvée achevée. Même encore aujourd’hui, elle reste inachevée. » À cent ans, Edgar Morin reste plus curieux et impatient que jamais de découvrir ce qui, demain, viendra encore le surprendre. Retour sur un parcours complexe où l’on croise aussi bien Kant que Staline, le football et l’écologie, la biologie et les faits divers... La méthode Morin s’est dessinée à l’adolescence, à l’époque où il s’appelle encore Nahoum. Entre la crise des démocraties et celle du capitalisme, l’arrivée d’Hitler au pouvoir et les procès de Moscou, « toutes les alternatives apparaissaient monstrueuses et, selon la formule de Kant, moi je me demandais :
“Que puis-je savoir, que puis-je croire, que puis-je espérer ?” », raconte Edgar Morin. C’est pour répondre à ces questions que le jeune bachelier, déjà engagé dans la politique par son soutien aux républicains espagnols, entre en 1939 à l’université où il étudie la philosophie, la psychologie, la sociologie, mais aussi l’histoire de la science politique à la faculté de droit. Transdisciplinaire déjà, avec l’ambition de devenir ce qu’il appelle un « humanologue », c’est-à-dire un penseur capable de comprendre ce qu’est l’humain en rassemblant tous ces savoirs.
Influencé aussi par Marx et sa volonté de comprendre les sociétés, leur histoire, leur développement économique et leur avenir, l’étudiant Nahoum devient le résistant Morin avant d’entreprendre sa première enquête dans l’Allemagne occupée. Comme il l’évoque dans son récent livre de souvenirs, Leçons d’un siècle de vie (Denoël, 2021), c’est un étonnement face à un phénomène complexe qui le conduit à faire ce travail : comment la nation la plus cultivée d’Europe a-t-elle pu devenir la plus barbare de toutes ? L’interrogation deviendra un livre, le premier d’une très longue série, L’An zéro de l’Allemagne (Éditions de la Cité Universelle, 1946). Mais ce n’est pas encore tout à fait le début d’une carrière, puisque c’est un Edgar Morin au chômage qui passera deux années dans les bibliothèques à rassembler du matériel de connaissance pour écrire L’Homme et la Mort (Corréa, 1951), qui reste, à ce jour, son ouvrage le plus vendu dans le monde. Pour le sociologue Claude Fischler, directeur de recherche au CNRS, « ce livre apparaît comme un modèle, comme le prototype du travail de Morin, avec son côté interdisciplinaire fondamental, puisqu’il s’intéresse à la biologie, à l’histoire, aux mythes, etc. et interroge en même temps toute la complexité face à la mort ».
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“Que puis-je savoir, que puis-je croire, que puis-je espérer ?” », raconte Edgar Morin. C’est pour répondre à ces questions que le jeune bachelier, déjà engagé dans la politique par son soutien aux républicains espagnols, entre en 1939 à l’université où il étudie la philosophie, la psychologie, la sociologie, mais aussi l’histoire de la science politique à la faculté de droit. Transdisciplinaire déjà, avec l’ambition de devenir ce qu’il appelle un « humanologue », c’est-à-dire un penseur capable de comprendre ce qu’est l’humain en rassemblant tous ces savoirs.
Influencé aussi par Marx et sa volonté de comprendre les sociétés, leur histoire, leur développement économique et leur avenir, l’étudiant Nahoum devient le résistant Morin avant d’entreprendre sa première enquête dans l’Allemagne occupée. Comme il l’évoque dans son récent livre de souvenirs, Leçons d’un siècle de vie (Denoël, 2021), c’est un étonnement face à un phénomène complexe qui le conduit à faire ce travail : comment la nation la plus cultivée d’Europe a-t-elle pu devenir la plus barbare de toutes ? L’interrogation deviendra un livre, le premier d’une très longue série, L’An zéro de l’Allemagne (Éditions de la Cité Universelle, 1946). Mais ce n’est pas encore tout à fait le début d’une carrière, puisque c’est un Edgar Morin au chômage qui passera deux années dans les bibliothèques à rassembler du matériel de connaissance pour écrire L’Homme et la Mort (Corréa, 1951), qui reste, à ce jour, son ouvrage le plus vendu dans le monde. Pour le sociologue Claude Fischler, directeur de recherche au CNRS, « ce livre apparaît comme un modèle, comme le prototype du travail de Morin, avec son côté interdisciplinaire fondamental, puisqu’il s’intéresse à la biologie, à l’histoire, aux mythes, etc. et interroge en même temps toute la complexité face à la mort ».
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